
Le réseau espagnol FTTH de Wifi Sancti Petri.
Alors que DIGI Spain prépare une introduction en Bourse pour soutenir sa croissance sans céder le contrôle, et que le fonds singapourien GIC s’est associé à MasOrange et Vodafone España pour créer la plus grande fiberco du pays avec 25 % du capital, le marché espagnol confirme une tendance nette : attirer du capital tout en préservant la maîtrise industrielle des réseaux. Dans ce paysage en recomposition, Telefónica et Vodafone España ouvrent un nouveau chapitre pour leur société commune Fiberpass en faisant entrer AXA Investment Managers Alts au capital.
Une plateforme de 3,7 millions de lignes au cœur du marché espagnol
L’investisseur prend 40 % du capital dans une opération officialisée la semaine dernière. Les deux actionnaires initiaux (63 % pour Telefónica, 37 % pour Vodafone España lors de la création en mars 2025), conservent désormais 55 % et 5 % respectivement. Le montant de l’opération n’a pas été divulgué, même si des sources de marché évoquaient un ticket avoisinant les 600 M€, valorisant l’ensemble à environ 1,5 Md€ dette incluse.
La plateforme couvre 3,7 millions de lignes FTTH pour 1,4 million de clients, avec un taux de pénétration proche de 40 %. Opérée en wholesale-only, elle repose sur des Master Service Agreements de long terme conclus avec les deux opérateurs fondateurs, garantissant une visibilité élevée sur les flux. La structure avait été recapitalisée à hauteur de 161,6 M€ avant l’opération.
Un actif brownfield, mature et à faible risque industriel
Contrairement aux projets greenfield ayant marqué l’expansion du FTTH en Europe, l’opération s’apparente à une acquisition de participation dans un réseau entièrement déployé, sans risque de roll-out additionnel. « Nous sommes sur un actif brownfield, quasiment intégralement construit, avec des CapEx résiduels limités », nous précise Julien Gailleton, Deputy Head Infrastructure de la structure de l'assureur. Selon nos informations, le deal a été réalisé en bilatéral, en dehors d’un process compétitif, permettant au gestionnaire de viser un rendement double digit tout en conservant une approche de levier prudente. Toujours selon nos informations, la dette est structurée en deux étages : une dette upco modérée, consolidante pour Telefónica, et une dette d’acquisition au niveau du véhicule d’AXA IM Alts, assortie de covenants classiques tels que net debt/EBITDA et ICR. Pas d’ajustement d’EBITDA ni de modélisation complexe de CapEx futurs : l’actif est considéré comme “core yielding”, avec une visibilité élevée sur la demande dans un pays où le FTTH dépasse déjà 90 % de couverture.
Un co-contrôle encadré par Telefónica
L’arrivée de l’investisseur entraîne une recomposition nette du pacte d’actionnaires. Telefónica reste actionnaire industriel de référence, consolidant la société. AXA IM Alts obtient un co-contrôle, incluant des droits classiques sur le budget, le business plan et les décisions structurantes. Vodafone devient un actionnaire très minoritaire (5 %), doté de droits “minimum”.
Décarbonation, digitalisation, électrification...
Au-delà de la fibre, AXA IM Alts accélère sur les grandes thématiques qui orientent désormais les allocations infrastructure : digitalisation, électrification et décarbonation. Le gestionnaire cite notamment son investissement dans Coalburn 1 (500 MW de stockage en Écosse), sa prise de participation majoritaire dans un IPP photovoltaïque allemand et son exposition à Finerge et à l’offshore britannique. La montée en puissance des batteries, les besoins massifs d’investissement dans les réseaux et les plateformes capables d’intégrer développement, repowering et hybridation devraient structurer ses allocations 2025–2030.









